Développer son activité au sein d’une coopérative permet de mutualiser les risques avec d’autres entrepreneurs, à la fois salariés et associés.
« Au lieu de gérer chacun sa crise, il s’agira de faire fonctionner le collectif en choisissant l’émulation plutôt que la concurrence, le commun plutôt que la défense d’intérêts individuels, la coopération ouverte plutôt que le repli. Pour faire face au gros temps, mieux vaut un équipage soudé qu’un marin seul ».
Tel était ce que nombre de travailleurs autonomes pouvaient lire dans une lettre d’information diffusée par une coopérative d’activités et d’emploi (CAE) à la fin du premier semestre 2020. Et si la crise sanitaire et économique avait poussé ces structures à inventer de nouveaux moyens de sécuriser les entrepreneurs individuels, qui comptent parmi les plus précaires ?
Face à la croissance du nombre de ces travailleurs, les CAE proposent une forme d’emploi hybride entre travail salarié et indépendant, une forme de travail que l’on peut qualifier d’autonome. Reconnues par la loi Économie sociale et solidaire de 2014, elles proposent le régime de l’entrepreneuriat-salarié-associé. Ses membres sont reconnus dans le droit du travail comme des salariés, mais œuvrent dans les faits presque comme des indépendants.
Le Covid invite d’ailleurs à regarder de plus près ce qui s’invente dans ces zones grises du travail et de l’emploi. Le pire était à craindre pour les microentrepreneurs, en particulier. Leur situation économique fragile avec des revenus faibles et discontinus se double en effet d’une dépendance importante à leur clientèle, d’une protection sociale réduite et les avantages fiscaux dont ils bénéficient (comme une exonération de la TVA) sont insuffisants pour sécuriser leur travail.
Dans un contexte de précarisation sociale et économique des travailleurs indépendants, les CAE inventent des mécanismes soutenant les activités entrepreneuriales de leurs membres. Ceux-ci se fondent sur les principes de la mutualisation, de la solidarité et de la coopération afin d’amortir les effets de la crise. Elles rassemblent des travailleurs autonomes autour d’un projet politique commun puisqu’ils sont autant salariés et qu’associés. Nos travaux montrent que la multifonctionnalité de ces organisations favorise la pérennité et la stabilité des situations d’emplois de leurs membres.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.