Philippe Schäfer, Excelia – UGEI et Vincent Helfrich, Excelia – UGEI
La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est un concept ancien, dont les contours n’ont cessé d’évoluer depuis bientôt 70 ans. Parfois contestée, sa mise en pratique à grande échelle dans les organisations est un phénomène plus récent, qui s’est accentué avec l’émergence du développement durable, les pressions de certaines parties prenantes (consommateurs, associations, ONG…), l’urgence climatique ou l’essor de la société de l’information.
Aujourd’hui, nous assistons à une inflation de concepts et d’acronymes (RSE, RSO, RS, développement durable, ESG, société à mission, etc.), ainsi qu’à une rivalité forte entre les outils (ISO 26000, ODD, GRI, etc.). Sachant que les organisations intéressées ou fortement incitées à prendre leur part dans ces démarches sont toujours plus nombreuses, nous nous retrouvons face à un besoin accru de coordination et de clarification.
Dans ce contexte, le rôle de l’enseignement de la RSE doit encore évoluer. Le temps des enseignements de découverte de la RSE est révolu. Les nouvelles générations sont déjà sensibilisées en arrivant dans le supérieur. L’objectif est donc à présent d’accompagner les étudiants et les professionnels à gérer la complexité et à développer un esprit critique et créatif sur ce sujet.
C’est dans cette logique que nous publions La RSE en schémas (Éditions Ellipses), un ouvrage à vocation pédagogique qui retrace les théories et les outils essentiels autour du développement durable et de la RSE. Nous vous proposons ici cinq schémas pour éclairer le concept.
Un concept aux multiples dimensions
La RSE est une démarche volontaire que la loi est venue progressivement encadrer. S’il s’agit d’une extension du régime de responsabilité de l’entreprise, les dispositifs sont faiblement contraignants. Ils ont pour principale vocation de réguler les externalités négatives des entreprises d’un système économique mondialisé. Outre la prise en compte des trois sphères représentant le développement durable, la RSE requiert l’adoption d’un comportement éthique et la reconnaissance des intérêts des parties prenantes.
Panorama des outils de la RSE
Devant la multiplicité des outils, nombre de dirigeants, collaborateurs et étudiants sont souvent décontenancés, voire égarés. À partir des différentes organisations émettrices, ce schéma propose une distinction des types d’outils et fournit quelques exemples à l’appui.
La performance globale de l’entreprise
Lorsqu’elle concerne l’entreprise, la notion de performance convoque inévitablement le registre financier. La gestion est en effet souvent apparentée à des modalités d’évaluation quantitative et financière servant à mesurer la performance d’une entreprise. Cependant, l’usage des ratios laisse de côté les dimensions non capitalistiques qui constituent, avec la dimension économique, ce que l’on nomme par performance globale de l’entreprise (PGE). Que ce soit par le reporting extra-financier ou de nouvelles méthodes comptables, la PGE invite à repenser la valeur et les capitaux de l’entreprise.
La conception d’une démarche
Engager une démarche de RSE peut constituer un véritable projet d’entreprise, séquencé en étapes importantes, comme le suggère la norme ISO 26000. Les différentes étapes (appréhension, intégration, communication, amélioration) vont concrétiser la démarche et peuvent être accompagnées de guides spécifiques. Chaque entreprise peut formaliser plus ou moins fortement ces étapes et va les faire progresser dans le cadre d’une approche en amélioration continue au service de sa responsabilité sociale.
La boucle RSE-innovation
Conduire une démarche de RSE peut aussi s’apparenter à mener une forme d’innovation. En effet, plusieurs actions RSE sont en réalité des innovations de produit ou de processus d’affaires au sens du manuel d’Oslo publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
C’est le cas lorsque l’on propose un produit ou un service écoconçu ou lorsque l’on modifie les relations et conditions de travail par exemple. À l’inverse, la culture de l’innovation et ses outils (design thinking, open innovation…) peuvent aussi représenter de formidables leviers dans une démarche de RSE.
Philippe Schäfer, Professeur associé en sciences de gestion, Excelia – UGEI et Vincent Helfrich, Professeur, Excelia – UGEI
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.